lundi 17 décembre 2018

La trêve des confiseurs

Je lis [1] : « Aux approches de Noël, par une sorte d'accord entre les parlementaires, on ne soulève pas de questions irritantes, qui, troublant l'esprit public, nuiraient aux affaires. Et même, afin de mieux vivre en paix, on se sépare, on se donne des vacances. Donc, point d'aigres propos et pendant cette accalmie, les marchands de sucreries, de gâteaux, de friandises, font, tout doucement, leur petit commerce. Les confiseurs jubilent, profitant de la suspension des hostilités à la Chambre, et cette tranquillité dont ils bénéficient s'est appelée la trêve des confiseurs. » 
 
C'est bien. On fait taire les parlementaires et leurs questions irritantes, qui, troublant l'esprit public, nuiraient aux affaires, afin de permettre aux marchands de sucreries, de gâteaux, de friandises, de faire marcher, tout doucement, leur petit commerce. Et bien sûr, profitant de la suspension des hostilités à la Chambre, les confiseurs jubilent à la faveur de cette tranquillité dont ils bénéficient à présent.

Ce petit texte de la fin du 19e Siècle, qui se propose de nous expliquer l'origine de cette formule toujours actuelle de la « trêve des confiseurs » peut tout de même laisser sur sa faim un lecteur du début du 21e Siècle. Certes, nous avons – et c'est heureux – toujours des parlementaires et des confiseurs. Cependant, l'expression reste empreinte d'une certaine ambiguïté, puisque ce sont les politiques, et non les marchands, qui prennent des vacances et suspendent leurs questions irritantes. Or, une trêve des confiseurs ferait plutôt penser à un arrêt provisoire du bombardement commercial dont nous subissons les effets toute l'année, dimanches et jours fériés compris.